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Ne posez plus de questions si vous voulez obtenir les bonnes réponses en rendez-vous commercial

Ne posez plus de questions si vous voulez obtenir les bonnes réponses

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Vous voulez comprendre ce qui s’est vraiment passé dans cette scène ?

Un agent immobilier regarde son interlocuteur.

Il ne pose pas de question. Il lâche simplement :" … mais ça fait longtemps que vous cherchez, je crois. "

Pas de point d’interrogation. Pas de posture inquisitrice.

Un constat posé, presque banal.

Et pourtant, la réponse arrive immédiatement.

  • Sans prudence.

  • Sans calcul.

  • Sans filtre.


Pourquoi ?

Parce que l’agent immobilier vient d’activer l’un des mécanismes les plus puissants – et les plus sous-estimés – de la communication commerciale.


Un mécanisme que la majorité des commerciaux ne maîtrise pas.

Que les managers ne repèrent pas.

Et que beaucoup de dirigeants ignorent complètement.


C’est exactement ce qui explique, dans de nombreuses entreprises :

  • des réponses superficielles

  • des besoins mal qualifiés

  • des devis construits à l’aveugle

  • des cycles de vente interminables

  • des rendez-vous qui tournent en rond

  • des décisions commerciales basées sur du vent


Si votre développement commercial stagne, ce n’est pas un problème d’effort. C’est un problème de méthode de diagnostic.



1. Ce qui s’est réellement passé dans cette scène

L’agent immobilier n’a pas posé une question. Il a formulé une assertion déguisée.

"Ça fait longtemps que vous cherchez."


Le cerveau de l’interlocuteur ne l’interprète pas comme une demande. Il l’interprète comme une information à ajuster.


C’est une différence invisible. Mais décisive.


Une question appelle une stratégie de réponse. Une assertion appelle une correction.

Et cette correction est presque toujours plus proche de la vérité.

Ce type de formulation provoque immédiatement :

  • une baisse de la vigilance

  • la désactivation des mécanismes de défense

  • un relâchement du contrôle de l’image

  • une réponse réflexe

  • une parole plus brute


La majorité des commerciaux fait exactement l’inverse .Ils posent des questions


  • Propres.

  • Polies.

  • Frontales.

  • Prévisibles.


Ils pensent collecter de l’information. En réalité, ils récoltent des discours.



2. Le mécanisme psychologique derrière (version terrain, sans jargon)


Inutile de sortir des concepts fumeux.Sur le terrain, trois mécanismes s’activent en moins d’une seconde.


L’effet d’amorçage affirmatif

Quand quelqu’un énonce une phrase comme si l’information était déjà acquise, votre cerveau cherche spontanément à :

  • confirmer

  • nuancer

  • corriger

  • compléter


C’est automatique.Pas réfléchi.

L’affirmation crée un point de départ. Votre réponse devient un ajustement, pas une construction stratégique.


Le biais de réaction automatique

Face à une question, le cerveau doit :

  • analyser

  • évaluer les enjeux

  • filtrer l’information

  • protéger son image

  • contrôler ce qu’il donne


Face à une assertion, il n’a qu’un seul réflexe : rectifier.

Deux vitesses. Deux niveaux de sincérité. Deux résultats commerciaux radicalement différents.


Le réflexe de coopération conversationnelle

Quand quelqu’un affirme quelque chose devant vous, vous ressentez naturellement l’envie de :


  • aider

  • clarifier

  • préciser

  • remettre légèrement dans l’axe


Une question crée une distance .Une assertion crée un terrain commun.

Et sur ce terrain, la parole circule mieux.


3. Pourquoi c’est plus puissant qu’une question classique


Prenons exactement le même sujet. Deux formulations.


La question directe

"Est-ce que vous cherchez depuis longtemps ?"

Instantanément, le cerveau s’active :


  • Qu’est-ce que je dis ?

  • Quelle image je renvoie ?

  • Est-ce que je vais paraître pressé ?

  • Est-ce que je perds du levier de négociation ?

  • Est-ce que ça peut se retourner contre moi ?


Résultat :Une réponse construite. Polie. Prudente. Partielle.


L’assertion déguisée

"Ça fait un moment que vous cherchez, non ?"

Le cerveau n’analyse plus. Il ajuste.

"Oui… enfin pas exactement… en fait on a commencé il y a six mois mais sérieusement depuis trois."

Voilà la vérité opérationnelle. Celle qui permet un vrai diagnostic commercial.


C’est pour cela que cette mécanique contourne :


  • l’auto-censure

  • les réponses stratégiques

  • les scripts de façade

  • la volonté de contrôle

  • les discours préparés


Aucune question classique n’obtient ce niveau de précision.



4. Comment s’appelle cette technique ?


Peu importe le nom. Ce qui compte, c’est l’impact.

Mais pour être clair, on la retrouve dans plusieurs approches solides.


La présomption positive

Très utilisée en vente et en négociation. On énonce un fait probable comme s’il allait de soi.

Exemples :

  • "Vous avez déjà testé plusieurs solutions."

  • "Vous êtes à un moment charnière de votre organisation."

  • "Vous savez précisément ce qui ne fonctionne plus."


Le prospect corrige. Et dans cette correction, il se dévoile.


Les "statements instead of questions" (méthode Sandler)

On remplace la question par une phrase déclarative. Objectif : obtenir une réponse plus sincère.


Le mirroring assertif

On reflète une perception sous forme d’énoncé.

Pas pour imposer une vérité.Pour inviter l’autre à la préciser.


Encore une fois, le nom n’a aucune importance. La mécanique, elle, change tout.


5. Pourquoi 90 % des commerciaux passent à côté


Parce qu’on leur a appris :" Pose des questions ouvertes."

C’est un conseil incomplet. Et souvent inefficace.


Sur le terrain, une question ouverte :

  • met une pression implicite–

  • oblige l’autre à se dévoiler frontalement–

  • crée un inconfort–

  • déclenche la protection–

  • génère des réponses vagues


Les commerciaux pensent faire un bon diagnostic. Ils obtiennent surtout une version socialement acceptable du problème.


Et côté dirigeant, l’erreur de perspective est classique. On croit que l’équipe "qualifie". .En réalité, elle collecte des approximations.


Dans un audit commercial, c’est l’un des premiers signaux faibles .Quand les équipes ne travaillent qu’avec des questions, on observe :

  • des cycles de vente trop longs

  • des propositions mal alignées

  • des taux de transformation faibles

  • une prospection inefficace

  • une fatigue commerciale généralisée



6. Comment intégrer cette mécanique dans votre entreprise


C’est ici que tout se joue. Comprendre ne suffit pas. Il faut structurer.


1. Interdire les questions frontales sur les sujets sensibles

  • Budget.

  • Délais.

  • Décision.

  • Priorités.

Ce sont les zones où les prospects maquillent le plus la réalité.

Un diagnostic commercial basé là-dessus est bancal par définition.


2. Introduire les assertions exploratoires

C’est l’outil clé.

Exemples :

"Vous avez déjà une fourchette en tête."

"Il y a deux ou trois freins majeurs aujourd’hui."

"Vous êtes dans une phase de stabilisation."

"Vous avez besoin que ça avance vite."


À chaque fois, le prospect corrige. Et dans cette correction, il livre l’essentiel.


3. Apprendre à exploiter les micro-corrections

La phrase la plus précieuse d’un rendez-vous n’est jamais une réponse directe. C’est :" Non, pas exactement… "

C’est là que surgissent :

  • le vrai budget

  • la vraie urgence

  • le vrai frein

  • la vraie motivation

  • le vrai contexte décisionnel


Les commerciaux qui ne savent pas creuser ces corrections ratent 70 % du diagnostic.


4. Construire un script assertif

Oubliez les questionnaires. Travaillez avec des hypothèses.

Structure simple :

hypothèse→ correction→ approfondissement→ confirmation→ ancrage stratégique


La qualité des rendez-vous change immédiatement.


5. Former les managers à repérer les formulations faibles

Un manager efficace entend en quelques minutes si un commercial :

  • pose trop de questions frontales

  • laisse le prospect contrôler l’échange

  • obtient des réponses superficielles

  • passe à côté des signaux faibles

  • n’utilise aucune assertion


C’est l’un des marqueurs les plus fiables de la performance commerciale.


6. Installer la méthode dans les routines

Pas de grands discours. Des rituels simples :

  • entraînement aux assertions en réunion–

  • simulations régulières–

  • débrief des formulations utilisées–

  • analyse des corrections obtenues–

  • écoute de rendez-vous réels

En trois semaines, la différence est visible. En trois mois, elle est structurelle.


Conclusion

Ce qui s’est passé avec cet agent immobilier n’a rien d’anecdotique. C’est une mécanique cognitive universelle. Simple. Puissante.

Mais presque jamais exploitée.

Elle explique pourquoi tant d’équipes commerciales :

  • n’obtiennent pas les vraies informations

  • construisent leurs offres sur des hypothèses fragiles

  • multiplient les rendez-vous inutiles– perdent du temps et de l’énergie

  • stagnent malgré les efforts


Tant que vous poserez des questions, vous récolterez des discours. Quand vous apprendrez à affirmer, vous obtiendrez des corrections.

Et ce sont ces corrections qui révèlent la vérité.


En développement commercial, ce n’est pas la parole qui fait vendre.

C’est la lucidité.


Si cet article permet d’ouvrir cette perspective à d’autres dirigeants ou commerciaux, alors le partage aura eu du sens.


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Patrick Boukobza - Boss Développement


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